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26 Février 2007
Nous sommes en l’An de Grâce 1431 le 30 mai. Il fait beau et de la mer proche souffle un air divinement parfumé en cette bonne ville surplombée par le formidable château de Robert le Diable, j’ai nommé Rouen, la belle ville aux 100 clochers.
Nous nous trouvons céans sur une jolie place entourée de maisons hautes et colorées à colombages, telle que l’on en peut voir à Dijon, la cité des Grands Ducs de Bourgogne, dont même Paris, pourtant ville royale, ne peut égaler la prestance. Il y a foule en cette fin d’après midi, et tous attendent d’ouïr les cloches de la cathédrale abritant le Cœur du Lion, en effet Richard avait déclaré : « Que mon corps soit enterré à Fontevraud, mon cœur dans ma cathédrale de Rouen et mes entrailles qu’elles restent à Châlus ».
Pourquoi la foule attend à cette heure sur cette place qui d’ordinaire abrite le marché ? Elle est ici pour voir passer la Pucelle que l’on doit brûler pour faits de sorcellerie, ce qui est un divertissement comme un autre en cette période de troubles. En tout cas, il est certain que la fille est coupable, parce que condamnée par l’Eglise en la personne de l’Evêque de Beauvais Pierre Cauchon, et par l’Université de Paris si savante qu’elle ne peut se tromper…En effet, cette mâle Fille porte des habits d’homme, et combat derechef, ce qui ne peut se concevoir , car étant un signe flagrant d’hérésie et de désobéissance à l’Eglise. En d’autres temps les Frères du Temple avaient souffert des mêmes pratiques.
Mais revenons à notre histoire : comment en étions nous arrivé là ? Pourquoi Jeanne, puisque tel est son nom, doit mourir dans les flammes de l’enfer dans cette si belle cité ?
Rappelons nous cette guerre si longue : presque 100 ans entre les Perfides Anglois et les Tenants du Roi de France : qui a tort, qui a raison ? Toujours est il qu’à la suite d’une malédiction lancée par un vieux Templier grillant dans le feu d’un bûcher à Paris, les Rois de France furent maudits, et le Roi d’Angleterre, sur de son bon droit estima pouvoir arborer une bannière représentant en écartelé les Léopards de son Ile et les Lys de France, et de revendiquer haut et fort la couronne de Saint Louis.
Notre pauvre royaume allait donc à vau l’eau, partagé en deux, voire en trois du fait de l’Infidèle Bourgogne, ceci après une série mémorable de défaites Françaises telles Crécy, Poitiers, Azincourt… Souvenez vous de l’épisode de ce roi demandant : « Asile par Dieu au nom de l’Infortuné Roi de France ».
Bref nous nous trouvons en présence de deux Rois de France, l’Anglois Henri V de Lancastre et le Dauphin Charles, fils de Charles VI dit le Fol et de la volage Ysabeau de Bavière. Un troisième personnage arbitre le tout, le Duc de Bourgogne Philippe le Bon. Une querelle s’est installée entre « Bourguignons » et « Armagnacs » chaque camp voulant venger leur chef assassiné : le Bourguignon Jean sans Peur et l’Armagnac Louis d’Orléans accessoirement amant de la reine Ysabeau.
C’est dans ce climat délétère qu’en Lorraine, une jeune bergère « entend des voix » qui lui enjoignent de partir pour Chinon, résidence du Dauphin Charles afin de lui révéler « un secret » et de « bouter l’Anglois hors de France »
En effet Charles est soucieux de sa naissance, n’ayant aucune confiance en sa mère Ysabeau, et étant traité par tous de Bâtard.
C’est ici que la vie de notre héroïne devient merveilleuse : elle convainc un seigneur de Lorraine de l’emmener auprès du Dauphin, et en présence de ce dernier, après l’avoir reconnu sans le connaître elle lui révèle un secret. De quel ordre ? Comment une bergère peut elle rencontrer et parler d’égale à égal avec un grand Seigneur comme le Dauphin ?
Il semblerait que Jeanne pouvait rassurer Charles sur sa légitimité, et l’assurer que le sang du roi fol coulait bien dans ses veines : ne lui dit elle pas : « Gentil Dauphin je te dis de la part de Messire Dieu que tu es le Vray héritier du Trône de France ». Comment pouvait elle en être certaine ? Une tradition relate que Jeanne était également fille bâtarde d’Ysabeau et du Duc Louis d’Orléans, donc la demi sœur de Charles. Elle aurait été confiée à la Famille d’Arc de petite noblesse lorraine : il n’est de voir la maison des d’Arc pour comprendre qu’en aucun cas ils ne pouvaient avoir une fille bergère.
Ceci expliquerait tout : la confiance du Dauphin, l’estime des hommes d’armes tel le Bâtard d’Orléans Dunois, le Maréchal de France Gilles de Rais, et le fidèle La Hire envers la « Pucelle », les victoires d’Orléans, de Patay et enfin le Sacre à Reims.
Hélas vient Compiègne, la trahison, la vente de Jeanne aux Anglois, le procès inique et le bûcher…
Le Dauphin Charles devenu Charles VII le Victorieux fait figure d’égoïste auprès de sa jolie maîtresse Agnès Sorel, à moins que ce dernier ne soit sur que sa demi sœur ne risque rien en réalité et que le bûcher ne soit pas pour elle. Il semblerait en effet que Jeanne survive et face souche sous le nom de Jeanne des Armoises.
Dommage pour l’Eglise que la reconnaissance tardive de l’innocence de Jeanne et la sanctification et de la Pucelle et de la Seine où auraient été jetée ses cendres n’excuse rien, il en fut d’ailleurs de même pour le Temple et bien d’autres.
Toujours est il que Jeanne est et demeure la Sainte Patronne de la France et que l’on se tourne vers elle lorsque notre beau Pays est en danger. Pourtant…
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Un passionné de médiéval et de moyen age, fait partie d'une troupe de reconstitution historique sur cette période, j'ai le personnage de sorcier alchimiste. Mais j'ai de nombreuses autres passions...
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