Les poulaines !
A votre avis, pourquoi ce nom ? Je vous arrête tout de suite, ce n’est pas à cause de la matière employée (du velours ou du cuir. Deux sortes de cuirs : la basane (tous les cuirs communs) et le cordouan (cuir de Cordoue, super prisé, mais coûtant la peau des fesses, et majoritairement blanc, pourpre ou doré)
Ces chaussures ont fait fureur entre le 14ème et le 15ème siècle et seraient originaires de Pologne, d’où le nom ! Au commencement, l'église avait crié au scandale et avait presque mis cette nouvelle mode vestimentaire au rang des hérésies.
Ce n’était pas de vulgaires chaussures, non mes braves gens ! C’était une marque de statut social ! La poulaine est en gros, une sorte de chausson souple au bout très long et retourné (le nez en trompette quoi) Etant donné qu’à une époque, le roi (cherchez, j’ai oublié le numéro) avait décidé que les nobles n’avaient droit qu’à une tenue d’apparat, ils ont dû trouver un autre moyen de faire mieux que le voisin : les pompes (il n’avait pas parlé des chaussures et c’était une grave erreur, on s’engouffre toujours dans la faille d’une loi quelconque)
Donc, ça a été la surenchère, côté nombre de godillots et surtout dimension de ceux-ci ! Les bouts en étaient maintenus à l’aide de baleines et de garnitures, et parfois même attachés aux genoux avec des chaînettes. La longueur étant proportionnelle au rang et à la fortune, ducs et princes ont été autorisés à porter des chaussures atteignant deux fois et demie la longueur de leurs pieds (plus de 60 centimètres de long pour certains donc) La haute aristocratie a droit à deux fois, les chevaliers, une fois et demie, les gens riches une fois et le Dupont du coin, une demie-fois seulement.
Et on pouvait chausser une paire dépareillée ou intervertir les chaussures sans problème, pour les user moins vite, étant donné qu’il a fallut attendre le vingtième siècle pour qu’on ait un pied droit et un pied gauche différenciés.
Certains rois se faisaient représenter par leurs chaussures placées devant le trône ou à table quand ils ne pouvaient pas être de la fête.
Evidemment, il y avait d’autres chaussures, dont les estiviaux, espèces de brodequins à l'usage des fashion-victimes de l’époque. Ils n'étaient pas de cuir, mais de velours, de brocard ou d’une autre étoffe de soie. Vous vous doutez bien que ces estiviaux n’étaient couramment portés que par temps sec, donc l’été (d’où le nom) Il y avait bien entendu bien d'autres chaussures, mais c'est une autre histoire !