Lili nous propose le second article en compétition pour le grand concours organisé par Médiéval et Moyen-Âge. Pas de commentaire possible sur cet article. Prochain concurrent dimanche 16 juillet…
Que diriez vous de connaître l’histoire de la basilique de Saint-Denis dans le 93 Seine St Denis, nécropole royale où se trouve les gisants de nombreux rois de France. Pas de trésor caché pour les amateurs, mais une histoire fabuleuse et d‘une richesse incroyable. Je m’y suis rendue le 11 juin 2006 et j’en ai profité pour en faire la visite avec un guide. Oyer ce que je vais vous conter maintenant.
L'ancienne abbaye royale de Saint-Denis a illuminé des siècles durant l'histoire artistique, politique et spirituelle du monde franc. Citons, notamment, la bibliothèque du monastère qui, à la fin du Moyen Age, est la plus importante du royaume. L’église abbatiale a été dénommée «basilique» dès l’époque mérovingienne. Ce qualificatif s’applique dès le IV e siècle aux églises dont le plan reprend celui des bâtiments civils romains où l’on pratiquait le commerce et où l’on rendait la justice, souvent édifiées à l’extérieur des villes et sur la tombe d’un saint.
L’église s’élève sur l’emplacement d’un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture de Saint-Denis martyrisé vers 250. Outre une crypte carolingienne, vestige de l’édifice consacré par Charlemagne en 775, la basilique conserve le témoignage de deux bâtiments déterminants pour l’évolution de l’architecture religieuse : le chevet de Suger (1144), qui constitue un véritable hymne à la lumière, manifeste du nouvel art gothique et la partie reconstruite, au temps de saint Louis, dont le transept, d’une ampleur exceptionnelle, était destiné à accueillir les tombeaux royaux. Lieu de mémoire, dès le haut Moyen Age, le monastère dionysien a su lier son destin à celui de la royauté s’affirmant peu à peu comme le lieu de sépulture privilégié des dynasties royales à la faveur du culte de saint Denis. Quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes et princesses, dix grands du royaume y reposèrent. Avec plus de soixante-dix gisants et tombeaux monumentaux, la nécropole royale de la basilique s’impose aujourd’hui comme le plus important ensemble de sculpture funéraire du XII e au XVI e siècle. Mais la basilique de Saint-Denis n'a pas été dès l’origine de la royauté franque considérée comme le “ cimetière aux rois ”, comme l’avait défini un chroniqueur du XIII e siècle. Jusqu’au X e siècle, l’abbaye royale a été en âpre concurrence avec de nombreuses autres nécropoles, notamment Saint-Germain-des-Prés. Lors de l’avènement des Capétiens en 987, le rôle de nécropole royale s’affirme et la plupart des souverains y reposeront jusqu’au XIX e siècle ; même si pour des raisons politiques, religieuses ou personnelles, quelques rois comme Philippe Ier en 1108, Louis VII en 1180, Louis XI en 1483, Charles X en 1836 et Louis-Philippe en 1850 seront inhumés dans d’autres lieux. Louis XVIII, mort en 1824, est le dernier roi à reposer dans la basilique.
Les souverains ont toujours été au cours de l’histoire en quête de légitimité, ce qui explique pour partie leur volonté de reposer auprès des reliques de saint Denis, Rustique et Eleuthère, (tous trois ayant été martyrisés ensemble. Par l’intermédiaire de la puissance des saints martyrs, le roi pensait ainsi acquérir pouvoir et protection pendant sa vie, notamment au cours de ses batailles, et selon la croyance, accéder directement au Paradis.
« Montjoie saint Denis ! » Cri de ralliement des chevaliers sur les champs de bataille du XII e et XIII e siècle, inscrit sur la bannière de couleur écarlate parsemée de flammes d’or du fameux oriflamme de Saint-Denis. « Montjoie saint Denis » devient la devise du royaume de France, qui se place ainsi sous la protection du saint tutélaire du royaume : St Denis. Cet étendard est une belle image de l’union personnelle entre l’abbaye, le saint patron et le roi. Cette enseigne était systématiquement levée en temps de guerre par les souverains qui venaient la recueillir des mains de l’abbé sur l’autel des saints martyrs. Elle est un des objets majeurs de l’épopée médiévale autour duquel se forme un premier sentiment national. Une copie subsiste dans la basilique.
La guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, les troubles politiques contribuent au déclin de l’abbaye royale de Saint-Denis bien avant que la Révolution ne le précipite. En 1793, les révolutionnaires s’attaquent aux symboles de la monarchie mais la basilique échappe à la destruction totale. En 1806, Napoléon Ier ordonne la restauration du bâtiment. Puis Louis XVIII restitue à l’abbatiale son rôle de nécropole. Les travaux de restauration se poursuivent tout au long du XIX e siècle et sont dirigés par les architectes Debret puis Viollet-le-Duc à partir de 1846.
En 1966, la basilique devient cathédrale, nom dérivé de "cathedra”, siège de l’évêque qui s’y trouve. Une copie du trône de Dagobert, dont l'original se trouve au cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale, est actuellement utilisée à Saint-Denis par l’évêque comme siège épiscopal.
Un monument royal : Les rois mérovingiens et carolingiens, la riche et très influente noble parisienne, sainte Geneviève, témoignent d'une dévotion toute particulière à saint Denis. Elle fit sans doute construire en 475 un premier bâtiment. Le développement d’une vaste nécropole, qui s'étend bien au-delà du bâtiment, entraîne au VI e et VII e siècle, un agrandissement de l'église. De nombreux personnages de haut rang, essentiellement des femmes, sont inhumés au plus près du saint. La découverte, en 1959, du sarcophage de la reine Arégonde, belle-fille de Clovis, morte dans la deuxième partie du VI e siècle, indique la puissance d’attraction du sanctuaire. Les bijoux associés à sa sépulture sont conservés au musée du Louvre.
Cinquante ans plus tard, en 639, le roi Dagobert est le premier roi franc à trouver sépulture la basilique de Saint-Denis.
Dagobert s’illustra par de généreuses donations à l’abbaye et créa, selon la tradition légendaire, la foire de Saint-Denis chaque mois d’octobre, source de grandes richesses pour le monastère.
Quelques Mérovingiens et Carolingiens furent inhumés dans la basilique, comme Charles Martel, Pépin le Bref ou Charles le Chauve.
Charles Martel meurt en 741. Celui qui n’est que le maire du Palais, s’assure une inhumation prestigieuse, en face du grand roi Dagobert. Il fait ainsi accéder sa famille, les Pippinides, futurs Carolingiens, au rang des plus grands. Bien qu’il ne fût pas roi, son gisant réalisé au XIII e siècle le montre couronné car les Capétiens reconnaissaient en lui l’ancêtre de la grande dynastie carolingienne.
Pépin le Bref, fils de Charles Martel, reçut l’onction du pape Etienne II à Saint-Denis, en juillet 754, scellant ainsi l’alliance entre les rois francs et la Papauté. Ce fut le premier souverain sacré image de Dieu sur terre. Ce grand roi fit alors reconstruire l’église à la manière des édifices romains de type basilique. Dotée d’un plafond de bois, de dizaines de colonnes de marbre et décorée de milliers de lampes à huiles, on y associa, pour la première fois, une crypte qui abrita, jusqu’au XII e siècle, les reliques de saint Denis. Les vestiges de ce martyrium à la mode romaine, décoré de peintures imitant le marbre, sont encore en place.
La crypte archéologique : La riche et très influente noble parisienne, sainte Geneviève, très attachée à saint Denis, fait sans doute construire en 475, sans qu’on puisse l’affirmer, un premier bâtiment de 20m de long sur 9m de large, dont il subsiste aujourd’hui quelques murs de fondation. La volonté de nombreux aristocrates de se faire inhumer auprès de saint Denis entraîne l’agrandissement, au VI e et VII e siècle, de la basilique.
Au VIII e siècle, à l’occasion de son sacre, Pépin le Bref décide la reconstruction de l’édifice à la manière des édifices romains de type basilique. On peut voir aujourd’hui, dans l’immense crypte de la basilique, riche de l’histoire la plus ancienne de Saint-Denis, une fosse qui conserve le souvenir de l’emplacement de la tombe et des reliques de saint Denis et de ses deux compagnons de martyr, installés à cet endroit jusqu’au XII e siècle. Cette fosse est le centre de tous les édifices construits, de la première chapelle, du IV e ou V e siècle, jusqu’à l’abbatiale du XIII e siècle.
Les amoureux de l’art roman trouveront aussi, dans la crypte de Saint-Denis, un des rares témoignages de cet art en Île-de-France. Cet espace conserve plusieurs chapiteaux historiés, notamment dédiés à la vie de saint Benoît, et des chapiteaux à décor de feuillages. Sa massivité a servi de point d’appui au nouveau chevet supérieur que le célèbre abbé de Saint-Denis, Suger, crée dès 1140.
Je sais avoir été un peu longue mais je pense que tout était indispensable pour son histoire
N’hésitez pas à vous y rendre, pour se garer. Un parking souterrain est juste à proximité.
J’ai payé 6,5 € pour cette visite dans un temps révolu. Les horaires sont : tous les jours
du 01/04 au 30/09 de 10h à 18h15 sauf le dimanche à partir de 12h car on y célèbre la messe
du 01/10 au 31/03 de 10h à 17h15 sauf le dimanche à partir de 12h car on y célèbre la messe
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