Il faut se représenter ces châteaux forts à triple enceinte construits pour la défense
: d’abord fossés profonds, murs épais flanqués de tours ; ensuite des poternes très exiguës
pour le passage des piétons ; pour finir une grande porte avec poste de garde, herse et pont-levis.
Entre la première et la deuxième enceinte on trouvait la basse cour avec paysans,
artisans du seigneur (tailleurs de pierre, charpentiers, maçons, forgerons,les étables, les granges,
un lavoir, un puits (indispensable), un pressoir, un four, un moulin banal (le ban était le territoire
régi par le seigneur d’où la banlieue). Parfois aussi quelques échoppes.
Entre la deuxième et la troisième enceinte la haute cour qui hébergeait la garnison,
les écuries, le chenil, la fauconnerie, le pigeonnier, les vivres, une citerne, les cuisines et la chapelle.
Dans la dernière enceinte ou chemise on trouvait le donjon : logis du seigneur et quartier général
des hommes d’armes.
Pourquoi alors ne pas trouver dans cet environnement une parcelle de
nature très choyée…
Le courtil central comportait des allées couvertes de verdure grâce à des
Enchevêtrements de feuillage (chèvrefeuille, treille, rosier, arbre taillé), des banquettes de gazon
et quelques plates-bandes avec fleurs et herbes potagères et médicinales.
Ces fleurs étaient en général des fleurs des champs (campanules, pâquerettes, violettes,
scabieuses, primevères, pensées, renoncules, crocus, muguet, colchiques, glaïeuls) ainsi
que basilic, fenouil, menthe, cerfeuil, laitue, serpolet. Les tapisseries de nos ancêtres nous
montrent cette profusion de simples fleurettes. Quand les périodes de stabilité furent de retour,
les jardins s’évadèrent hors des murs des châteaux, mais à proximité. On allait dans ce « vergier »
par une passerelle enjambant les fossés, mais il était parcellé comme dans le jardin
monastique sous forme de damier.
La différence était dans la partie réservée aux jeux, à la danse, à la
musique, voire aux rendez-vous d’amour !