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Une belle légende de Franche Comté
Il faisait très froid : la neige s’entassait contre les obstacles en formant d’énormes congères. Dans la grande salle du château ornée de tapisseries et trophées de chasse, devant la vaste cheminée, le baron de Montjoie et sa fille Claudine assis côte à côte, écoutaient ravis deux ménestrels qui chantaient en s’accompagnant l’un d’une mandore, l’autre d’une viole.
Leur chanson était si poignante que Claudine sentit les larmes lui monter aux yeux. L’abbé du château, toute la maison du baron, les hommes d’armes de veille qui avaient été conviés étaient aussi sous le charme car jusque là le baron avait écarté toute distraction au château malgré l’insistance de Claudine.
Le lendemain il réunit tout le monde, regarda l’écusson de Montjoie et leur parla :
« Autrefois un seigneur cupide et dur habitait un château triste, triste pour les hommes d’armes, les serviteurs, la famille du seigneur et le seigneur lui-même. Ce seigneur avait une fille qui clandestinement faisait la charité …. »
Le baron sembla se trouver mal dans sa confession mais il se ressaisit :
« Mais qu’arriva-t-il ? Un miracle ! »
Il saisit, caché dans un vase, une rose superbe dont le parfum envoûta l’assistance.
« Cette rose a été prise par le seigneur avare dans le tablier de sa fille où il croyait trouver ce qu’elle destinait aux pauvres ! Dieu avait changé le pain en rose ! le père reconnut un miracle. »
Le baron quitta aussitôt la salle avec la rose mystérieuse. Claudine songea aux paroles de son père qui lui avaient dû coûter d’humiliations.
Le lendemain et les jours suivants, les trouvères chantèrent de nouvelles ballades et en particulier celle écrite par Claudine dont voici le refrain :
Rose est en mon cœur
Comme en le vôtre éclose
Elle parfume ma vie et la rend douce tant
Que partager ma joie devient besoin bien grand
Comme en le vôtre éclose.
Le baron répandit depuis ce jour sa bonté et Montjoie fut bien dénommé.
Quand Claudine mourut, jeune hélas, elle fut portée dans la chapelle du château.
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