Voici le premier volet sur les armes d'hast au Moyen-âge. Descendantes des haches et des épieux, elles permettent les coups de taille, d'estoc ou les deux à la fois…
Elles furent inventées d'abord pour augmenter la distance de combat entre le chasseur et le gibier, que ce soit un animal sauvage ou un cavalier.
L’épieu
Au départ, cette arme, servant autant à la guerre qu'à la chasse, n'était composée que d'une pointe et d'une hampe. A la base de la pointe, juste au-dessus de la douille, l’arme reçut une barre transversale qui évitait que l'animal ou l'ennemi ne soit enferré trop profondément.
Au Moyen-âge, le tout se transforma de nouveau pour aboutir, à une longue pointe aux bords aiguisés, la barre transversale se trouvant en dessous, en forme de deux triangles.
On ajouta à la longue pointe deux dents de fourches pointées vers l'avant ce qui donna une sorte d'épieu tout à fait spécial, l'épieu à la forlane utilisé vers la fin du Moyen-âge. Cette arme était maniée presque exclusivement contre la cavalerie. On s'en servait pour couper les jarrets des chevaux ou pour faire tomber les cavaliers. Les pointes étaient toutes serrées, aidées par deux longs arrêts recourbés vers le bas dont les tranchants étaient obtus du côté concave et aigu du côté convexe. La taille des pointes était aussi variable, soit des fers longs et aigus à section triangulaire ou carrée soit des pointes courtes et robustes pour percer les armures de plates. Pour la chasse, on utilisait parfois des épieux tranchants des deux côtés ayant la forme de larges feuilles de sauge.
La Corsèque Italienne munie d'une pointe triangulaire rainurée, portait deux dents en forme d'ailes avec un angle de 30° environ.
Pour résister plus facilement, ces armes pouvant atteindre près de 1,80 mètre, les hampes étaient faites dans du bois robuste et élastique comme le frêne ou l'if.
La Corsèque était descendante de l'épieu à la forlane, mais celle-ci était munie de dents plus larges et imposantes.
La fourche de guerre
Les hommes d'armes à pied, souvent des gens du peuple, se voyaient très diminués devant la force de l'attaque des cavaliers surélevés sur leur monture. Ainsi, en plus de descendre le plus souvent d'instruments de travail de paysan, les armes d'hast se développèrent afin de réduire ce handicap. Les premières, issues des forges de village, furent des assemblages d'instruments agricoles sur de grands manches, et devinrent vite des armes spécifiques comme la Fourche de guerre. Elle était issue de la grosse fourche à trois dents agricoles. Elle pouvait comprendre deux ou plusieurs dents droites et solides. Elle servait aussi pour dresser des échelles d'assaut contre les remparts ou à les repousser des créneaux depuis l’intérieur de la forteresse !
La lance
Elle se compose surtout d'une pointe de forme diverse (pique, en feuille de saule à bords effilés, pointe arrondie) et d'une hampe en bois (frêne pour la lance de guerre et sapin pour celle de joute). Au moment de la fabrication, on introduisait la hampe dans une sorte d’entonnoir faisant partie de la pointe et appelée douille.
La tenue de la lance était particulière. La main serrait la hampe dans le tiers inférieur de la lance pour ensuite la coincer sous l'aisselle du cavalier. On l'utilisait en dirigeant la pointe de droite à gauche en passant sur le cou du cheval. Ainsi la lance arrivait un peu de biais, ce qui permettait au cavalier de ne pas la laisser glisser dans sa main.
Sur sa lance, le chevalier portait souvent un morceau de tissu, dont la forme était carrée pour le fanion, et triangulaire pour la flamme, arborant les couleurs ou les armes du chevalier. En plus, il pouvait éventuellement servir d’arrêt transversal pour empêcher un adversaire de s'enferrer trop profondément, ce qui pouvait provoquer la rupture de la hampe ou gêner sa récupération.
Semblable à la lance, il y avait l'Esponton de brèche dont la hampe était plus courte mais le fer plus long. Elle était munie d'une pointe à section carrée qu'on utilisait surtout pour saper le bas des murailles et perforer une armure!
…. A suivre.
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