Etant en mission pour notre commanderie Templière de Sainte -Eulalie, auprès de nos Frères Teutoniques, je traversais une superbe région située à l’est de notre belle France, l’Alsace.
Me trouvant entre les villages d’Obernai et d’Ottrott, l’on m’indiqua une montagne émergeant d’un riche vignoble que l’on me désigna sous le nom d’ Odilienberg (Mt Ste Odile). Devant mon questionnement, l’on me fit savoir que ce haut lieu d’Alsace était connu depuis la plus haute antiquité, et que sur le chemin de cette cime sacrée s’étaient succédées de multiples foules : Celtes : bâtisseurs du fameux Mur Payen, long de dix Km, haut par endroit de 3 à 4 m. Légion Romaine : profitant du site fortifié par les Celtes, en avant poste, face aux Barbares Germains.
Plus tard, à l’heure de mon récit, place forte du Dux Alsatia du moment : Adalric (Etichon) père d’Odile, notre héroïne.
Hors donc nous nous trouvons aux alentours de l’an de grâce 660/662, sous les règnes cumulés de Childéric II en Austrasie (royaume de l’Est) et Clotaire III en neustrien (royaume de l’Ouest). Le Maire du Palais est alors Adalric (Alaric,Aldaric ou Etichon) tenant l’Alsace, une partie de la Bourgogne et de la Suisse. Le Dux se réjouit car il va être Père, souhaite un héritier mâle qui soutiendrait sa dynastie. Las, une fille naît, aveugle et quelque peu débile de surcroît. Le Dux furieux décide de supprimer cette fille qui déshonore sa race. Heureusement pour Odile, sa mère Bereswinde (nièce de St Leger et belle sœur de Childeric) cache l’enfant, la confie à une nourrice fidèle, laquelle élèvera Odile pendant douze ans. Dès lors, la jeune Odile partira pour le monastère de Palma ( Baume les Dames en Franche Comté).
Ici commence le merveilleux : l’évêque Ehrhardt de Ratisbonne (oncle d’Odile) a un songe lui stipulant qu’il doit se rendre à Palma pour baptiser une jeune fille aveugle. Ehrhardt s’y rend donc, accompagné de son frère Hydulphe, alors Abbé de Moyenmoutier en Suisse. Les deux religieux baptisent alors Odilia (soleil de Dieu), laquelle retrouve la vue dès que le chrême lui touche les yeux. Miracle !!! Miracle qui immédiatement fit grand bruit dans la Chrétienté de l’époque. L’histoire venant aux oreilles d’Adalric, celui-ci entra dans une colère noire, à tel enseigne que lors du retour d’Odile accompagnée par un des ses frères, Hugo (Hugues), ce dernier sera mis à mort par Adalric durant un accès de colère. Ce n’était d’ailleurs pas le premier, le Dux ayant auparavant fait assassiner Saint Germain, Abbé de Moutier (en suisse), lequel le gênait par ses prêches.
Le Dux décide alors de marier sa fille Odile. Celle- ci s’enfuit, se réfugie sur notre célèbre Mont, Adalric soudain dessillé accepte alors tout, et confie à sa fille l’Odilienberg où elle édifiera un couvent. Elle sera alors la voix de l’Alsace, décidera de beaucoup de choses, introduira la « Laus Perennis », c'est-à-dire le chant des psaumes jour et nuit. Elle sera une grande bienfaitrice des pauvres gens et malades. Elle gérera pour le moins trois couvents : Hohenbourg, Nidermunster et St Etienne où elle nommera comme Abbesses trois des ses Nièces. Sa vie exemplaire en fera une Sainte vénérée par toute l’Alsace (elle en est d’ailleurs la Patronne). Et sera un jour enterrée au sein de son beau couvent tout en haut du célèbre Mont Magique. L’on peut d’ailleurs encore de nos jour se recueillir sur sa tombe.
J’ai plus haut nommé le Mont Sainte Odile « Mont Magique », en voici les raisons : l’on rencontre sur l’un de ses contreforts une source célèbre qui passe pour guérir les personnes qui en boivent ou qui se lavent les yeux. (Odile est d’ailleurs représentée en Abbesse tenant un livre ouvert sur lequel l’on voit deux yeux).
Du temps de nos ancêtres Celtes, un collège de Druides officiait sur le Mont : grotte, menhir, dolmen, d’une façon assez similaire à ce qui se passait dans la forêt des Carnutes (Chartres). Le Mont Sainte Odile est un lieu profondément vibratoire qui a reçu le surnom de Mont Lumière : depuis plus de 3000 ans les foules s’y rencontrent et s’y croisent appliquant quelques préceptes célèbres : « tu n’élèveras pas d’images sculptées et tu ne prieras que dans les Temples par moi-même crées »
Si il vous souhaitez connaître quelque peu l’âme de ce Haut Lieu, je vous engage à vous asseoir quelques instants à l’entrée du site au lieu dit : « la Chapelle des Roches » où quelques bancs vous attendent.
Enfin et surtout je vous engage à vous rendre au moins une fois sur ce haut site historique, ne serait-ce que pour l’impression unique que vous ressentirez. Souvenez-vous, quelqu’un a dit un jour « qu’il y avait des Lieux où souffle l’Esprit » le Mont d’Odile en fait parti : foi de Templier.
Philippe le Templier
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