Bien souvent, lors de mes rencontres médiévales, l’on me demande de conter et d’expliquer au mieux le siège et la prise des villes fortifiées et des châteaux forts au Moyen-Âge, ce que je tente de faire au mieux de mes modestes connaissances.
Tout d’abord, pourquoi faut-il assiéger les places fortes ? La réponse semble évidente : afin de remporter la victoire sur l’adversaire, tout comme lors d’une partie du très antique et très noble jeu des Echecs.
Ainsi, depuis la plus haute antiquité, il est vrai que se sont toujours les assaillants qui l’emportèrent sur les défenseurs (dans l’absolu), néanmoins il est bon de se souvenir que souvent la prise fut la conséquence directe d’un fait quelconque, voire anodin, telle qu’une ruse souvent grossière. Il suffit pour s’en assurer de consulter notre Maître à tous, le Divin Homère et son célèbre Cheval de Troie.. Il en fut ainsi pour tant et tant de siège…
A ce moment il faut faire un choix pour n’être pas trop long, aussi je pense que Carcassonne, Montségur, Château Gaillard, le Krak des Chevaliers et Constantinople peuvent étayer mes dires.
Carcassonne et Montségur
Nous sommes en plein durant la croisade du Nord Franc contre le Sud Cathare de notre belle France. Les Tenants d’Oc (sud) sont s’il se peut, les plus dignes représentants de l’Honneur de la Chevalerie, tandis que les Tenants d’Oïl (nord) sont les plus efficaces guerriers. Un jour, Simon de Montfort, chef de la Croisade Nordiste se trouve devant Carcassonne et décrète le siège à outrance. Le très jeune et très crédule Vicomte Trencavel, souhaitant qu’il n’y ait pas de victimes se rend auprès des assaillants pour conclure une trêve : il est arrêté, par Montfort et de ce fait la ville se rend, faute de Chef, et pensant ainsi sauver Trencavel, otage de Montfort : le jeune Vicomte mourra de privation et de froid dans ses propres geôles…
La guerre dure déjà depuis trop longtemps, beaucoup sont morts, et les Croisés pensent que Montségur est responsable, du fait de sa notoriété de la poursuite de la guerre. Le siège est décidé. Ici une trahison permet aux assaillants d’escalader une falaise à pic avec moults pièces de bois et de prendre pied sur un replat proche du château, là ils construisent une arme célèbre et efficace : un trébuchet. Très rapidement devant l’effondrement de la muraille, Montségur se rend avec les suites que l’on connait (bûcher général)…
Château Gaillard
A cette époque, deux grands souverains se disputent des lambeaux de la terre de France : Philippe le Second « Auguste », roi de France, très calculateur et très guerrier, et Richard Premier « Cœur de Lion », roi d’Angleterre, très chevaleresque et également également surnommé « oc et non », en raison de son indécision. Sur la frontière des deux états, Richard fait bâtir la très puissante forteresse de Château Gaillard, il disait d’ailleurs, parlant du château « qu’elle est Belle ma Pucelle d’un an » se basant sur la rapidité de construction, et son aspect imprenable, triple enceinte et fossés profonds. Et pourtant, après un siège assez féroce, quelques vaillants soldats français se glissent par les latrines et ouvrent le pont-levis, sonnant par cela même le glas de la « Pucelle »…
Le Krak des Chevaliers
Construit en Terre Sainte par les Croisés, passant aux mains des Hospitaliers qui le fortifièrent énormément à tel point qu’il résistera à plus d’une douzaine d’attaques Sarrasines. Même le grand Saladin sera repoussé en1271. L’aspect du Krak est effrayant pour les assaillants .A le regarder, l’on sait que la mort nous attend…Il n’y a que la ville d’Alep qui puisse rivaliser en fortifications. Et pourtant ce monstre sera pris par ruse : assiégé par le Sultan Baybars, défendu par quelques rudes combattants, le Krak tombera à la suite de la réception d’un message venu par pigeon voyageur, message émanant du Grand Maître des Hospitaliers et préconisant la reddition de la place faute d’improbables secours. Les Chevaliers obéissent, cèdent le Krak, Baybars s’en empare. Mais le message, d’où venait-il ? De Baybars lui-même ! Il graciera d’ailleurs les défenseurs qui quitteront la place avec armes et bagages…
Constantinople
Il s’agit à l’époque de la plus importante ville du Moyen Age : trois enceintes, fossé de 18 mètres profond de six, deux murailles comportant chacune 96 tours construites en quinconce : un monstre qui faisait peur, et pourtant en 1204, les Guerriers de la quatrième croisade, pourtant alliés dans l’absolu, prirent l’énorme ville ceci tout simplement en jetant des ponts de bois entre leur navires et les murailles. Il semblerait que les défenseurs de la ville n’avaient pas été payés et que la défense se soit relâchée… Toujours est-il que cela fut la répétition générale de la chute définitive et sanglante de la ville de Constantin en 1453 par Mehmed Deux, date qui marqua la fin du Moyen Age.
Tout ceci pour dire que rien n’est jamais acquis et que l’Histoire est souvent facétieuse : il faut donc méditer sur l’éternité des choses et des personnes et vivre sa vie pleinement…
Philippe le Templier
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