Me trouvant bien rarement en mission auprès de notre Grand Maître en l’enclos du Temple de Paris, étant le plus souvent soit en Terre Sainte, soit en Espagne pour la Reconquista, soit et surtout en ma Commanderie de Sainte Eulalie, je prends plaisir à visiter cette belle ville, comme j’ai pris plaisir à participer à l’inauguration de sa célèbre Notre Dame.
Aujourd’hui, ayant entendu parler d’un quartier médiéval perdu, voire mythique à savoir la Cour des Miracles, je décide de m’y rendre, sachant que je prends quelques risques, mais les Templiers savent prendre des risques, et Par Dieu je suis fortement armé et déterminé. Or donc ce fameux quartier m’ayant été indiqué par un de nos Sergents (robe noire à croix rouge) lequel y ayant ses habitudes en la personne d’une jolie BOHEMIENNE.
Ce qui m’intéresse surtout dans cette visite, c’est la langue parlée par ces bonnes gens, langue cachée au vulgaire, comme le sont nos écrits du Temple.
Me voici circulant dans d’infâmes et sombres ruelles su Moyen-Âge, rencontrant en chemin : des NARQUOIS (soldats de fortune demandant l’aumône) jouant leur maigre CAIRE (argent) au jeu d’ARQUES (dés) en compagnie de MERCANDIERS et autres BEAUX - SOYANT (bonimenteurs).
Des COQUILLARDS (faux pèlerins de Compostelle) s’entretiennent avec des FRANCS-MITOUX ou MALIGNEUX (maladie contrefaite) de leur dernier CORNIER ou BLANC SIRE (dupes) qu’ils ont BAZI (tué) après une partie de TAQUINADE endiablée (carte à jouer).
Ici un LUPANAR (Maison de tolérance) et quelques coureuses de remparts (Fille de joie !) Au fond d’une courette se trouve le CAGOU (professeur) lequel enseigne à des DROLES (enfants) l’art de l’ARGOT (langage), du vol à la tire, de la fausse blessure et de la façon de se servir des divers ROI DAVID et GIROFLEE (outils à crocheter les serrures).
Un MILLARDS (pourvoyeur en marchandises diverses) se vante devant un parterre de PIETRES (faux estropiés) CALLOTS (teigneux guéris par miracle exposant leur belle chevelure) SABOULEURS (faux épileptiques suceurs de savon) et autres HUBAINS (anciens malades de la Rage miraculés au nom de St Hubert) d’avoir BLANCHI LA ROUHE (échappé à la justice et à la torture) tout en me BECQUANT (dévisager).
Tous ces bonnes gens savent que je ne suis qu’un pauvre Chevalier du Temple ne possédant rien, hormis son couteau, et des couteaux, ils en ont à revendre.
Un CAPON (compère au jeu) me salue fors civilement d’un « Dieu te garde Frère Templier ! »
Les ENVOYEURS (meurtriers) ne se montrent pas, tandis que les COURTAUDS DE BOUTANGES (mendiants) savent ne rien risquer avec moi, qui ne suis ni GODIZ (riche), n’ayant pas de FEULLOUZE (bourse) et étant : FERME EN LA MAUHE (ne dénonçant pas) aux GAFFRES (sergents) même en cas de JOUR (torture).
Un GASCATRE (bandit novice) m’entraîne dans un BOUGE (estaminet) où je me régale d’un ragoût de Chat, de Chien ou autre Rat, le tout arrosé d’un franche piquette venue d’une vigne proche du Sanctum Martyrium du grand St Denis et de ses compagnons Rustique et Eleuthère (Montmartre), vigne entretenue par les moines de l’abbaye de St Martin des Champs.
Cette promenade me fut salutaire, ayant appris quelque mots d’un langage secret, qui ne sera révélé que dans environ deux cent cinquante ans en Bourgogne dans cette bonne ville de Dijon, ou une dizaine d’âmes simples furent envoyées à Dieu par le biais d’un énorme chaudron où ils furent bouillis, après avoir été jugé comme Coquillards et après avoir expliqué et traduit leur langue lors de leur procès…
…Frères Humains…
Fraternellement, PHILIPPE LE TEMPLIER (passez la souris sur la photo !)
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