Philippe le Templier reprend la plume sur Médiéval et Moyen-Age pour nous conter une énigme passionnante dont l’histoire se prolonge sur 2000 ans. Des origines en passant par le moyen-âge et jusqu’à notre époque moderne, voici l’histoire de la relique la plus précieuse de la chrétienté… Le Saint Suaire… Je lui laisse la parole.
Nous sommes aux alentours de l’an 33 sous l’empereur romain Tibère à Jérusalem, il est 3 heures de l’après-midi, et sur une croix un « homme » vient de mourir condamné par ses pairs (l’histoire se répète) Ce personnage tiendra une place considérable dans l’histoire et de multiples Eglises se réclameront de lui : il se nomme Jésus. Son corps descendu de la croix reçoit une toilette funèbre selon les rites juifs de l’époque, (eh oui Jésus est juif…) et est enveloppé dans un linceul, mis au tombeau, une énorme pierre roulée devant l’entrée du sépulcre. Ensuite les évangiles nous content l’histoire de la Résurrection : le tombeau vide, l’Ange, les Saintes Femmes, le Linceul placé dans un coin, mais cela vous le savez déjà.
Que se passe t’il alors, le linceul disparaît sans doute emporté par une main pieuse à titre de relique, et l’on entend plus parler de rien pendant de longs siècles. Il faut dire qu’à cette lointaine époque le symbole de la Croix est une image d’horreur et de honte, à tel point que les premiers chrétiens se reconnaissent sous le signe du poisson. Il faudra attendre Constantin le Grand au IVe siècle pour que la Croix devienne un signe de ralliement : « In hoc signo vinces, par ce signe tu vaincras », et enfin le Ve siècle, où le Linge est retrouvé et déposé à Constantinople à la Basilique Ste Marie de Blacherne par l’impératrice Pulchérie.
Pourquoi un tel engouement pour cette étoffe ? Et bien elle représente en négatif l’image d’un homme ayant subit la même passion que Jésus, crucifixion, couronne d’épine, coup de lance, flagellation… de là à penser qu’il s’agit de l’illustre personnage…
Après tout s’accélère et s’embrouille, l’on reparle du Suaire en 631, vu par un évêque de Saragosse à Constantinople, tandis qu’en 670 un évêque franc le situe à Jérusalem : 2 Suaires, 1 à Constantinople, 1 à Jérusalem, ou bien retour du célèbre Linge dans la ville sainte. En 749 il se trouve encore à Jérusalem. Plus de traces jusqu’au XIe XIIe siècle où Guillaume de Tyr, historien des Croisades atteste le retour du linceul à Constantinople, sans doute mis à l’abri lors des invasions arabes. Toujours est-il que les Croisés oubliant quelque peu leur mission première, à savoir la délivrance de la Terre Sainte, prennent et pillent la ville de Constantinople, et dérobent moult trésors et reliques, dont la Vraie Croix, les Clous, La Fiole du Vrai Sang, La Sainte Lance, la Couronne d’Epine, et surtout le Saint Suaire.
Il semblerait qu’à cette époque troublée l’on confia le Linceul à la seule force structurée, stable et sûre : les Chevaliers du Temple (vous voyez, on y revient toujours. Qu’ont fait les Chevaliers Blancs ? Le mystère demeure.
A suivre…