Un nouvel article de Philippe le templier sur Médiéval et Moyen-Age, qui fait suite à notre article sur les sorciers et sorcières au moyen-âge, le premier bûcher d’une longue série…
Nous sommes à la fin du XIIe siècle aux confins des Comtés de Toulouse, de Foix et de la Vicomté de Carcassonne, des hommes vêtus de noir, évangiles en main, viennent deux par deux dans les villages, les villes et les châteaux et évangélisent les populations et les membres de la noblesse. On les nommera les Parfaits, les Bons Hommes, ils sont non violents, pauvres et se présentent comme prédicateurs de Dieu. Leurs paroles sont redoutables face à un clergé traditionnel souvent corrompu, avide de richesse, tandis que les grandes abbayes qui avaient été source de progrès auparavant se referment dans leur rayonnement intellectuel.
Le peuple quant à lui recherche la proximité, la simplicité, la pureté, la pauvreté, le retour aux origines de la parole : bref les Cathares, puisqu’il s’agit d’eux sont très loin de l’Eglise officielle. Ces hommes simples parlant la langue vulgaire obtiennent de multiples conversions et l’Eglise inquiète de ce schisme rampant envoie des prédicateurs dans des rencontres contradictoires au cours desquelles les Cathares gagnent le plus souvent, l’Eglise officielle ne sachant pas revenir au message primitif de la religion.
Un très mauvais climat s’instaure et en 1205 le légat du Pape est assassiné. Dès lors, Innocent III décide d’une guerre sainte pour éradiquer le Catharisme, une Croisade dans laquelle vont s’engouffrer tous les nobles non lotis de la langue d’Oïl, le nord afin de se tailler des fiefs sur mesure en pays de langue d’Oc, le sud. (cela avait été promis par le Pape)
Au printemps 1208, une immense armée du Nord déferle vers le sud (cela ne vous rappelle rien…) Commence alors un terrible calvaire pour les populations méridionales : Béziers tombe avec 20000 martyres, rappelez-vous : «Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens», puis Carcassonne tombe rapidement et par traîtrise et hors les lois de la Chevalerie, le jeune Vicomte Trencavel est fait prisonnier et meurt dans les geôles de son propre château de froid et de faim, puis Minerve, la capitale du Minervois avec un bûcher de 140 Cathares, Lavaur et sa Dame jetée la tête la première dans un puits et le traditionnel bûcher de 400 hérétiques. Enfin Toulouse et son Comte Raimon VI se rendant en 1215 et devant faire amende honorable pieds nus et en chemise, afin d’implorer un hypothétique pardon…
En est il fait du Catharisme : et bien non, la résistance se crée sous la houlette des Comtes de Toulouse Raimon VI et VII, et ceci pour une durée d’environ 30 ans. Devant ce péril, la «Sainte Inquisition» est fondée en 1223 par le Pape et l’envoi des Frères Prêcheurs Dominicains et Franciscains nettoie le pays à coup de bûcher et de torture. Hélas progressivement le Nord conquiert le Sud, la force brutale efface le pays des Troubadours, l’Eglise Cathare est détruite, quelques Bons Hommes fuient en Lombardie. Le dernier Parfait brûle en 1321 et le dernier bûcher cathare date de 1329, les terres du Comte de Toulouse passent sous le contrôle du Roi de France Louis IX «Saint Louis» à la mort de Raimon VII.
L’épisode le plus connu de la croisade contre les Albigeois (autre nom des Cathares) est la prise de Montségur, véritable doigt accusateur pointé vers le ciel, où, après un long siège et encore une trahison, un trébuchet est monté à dos d’homme sur le Pog (montagne) et celui-ci permet la destruction des murailles du château. Après l’inévitable rédition quelques Seigneurs Faidits (occitan) purent partir libres, mais tous les Parfaits et Parfaites furent brûlés vifs le 16 mars 1244 au Pré des Cramats (brûlés) ; une stèle est toujours là, à la mémoire des 200 « hérétiques » tués au nom de leur foi : cette stèle déclare : « ALS CATARS ALS MARTIRS DEL PUR AMOR CRESTIAN » (aux Cathares, aux Martyres du pur amour Chrétien).
La légende raconte qu’un trésor serait caché dans une grotte sous le Pog de Montségur et qu’il pourrait s’agir du SAINT GRAAL, il serait visible au solstice d’été à partir du donjon. Les Templiers ne prirent pas part à cette tragédie et en sont fiers !